Le décret insère dans le code du travail une nouvelle disposition imposant à l’employeur d’évaluer, à compter du 1er juillet 2025, les risques liés à l’exposition des travailleurs à des "épisodes de chaleur intense", en intérieur ou en extérieur[2].
En parallèle, un arrêté, également du 27 mai dernier, définit ce que constitue un "épisode de chaleur intense"[3] en s’appuyant sur le dispositif de vigilance développé par Météo-France, selon le code couleur « vert-jaune-orange-rouge » .
"L’épisode de chaleur intense" correspond à l’atteinte des niveaux de vigilance jaune (pic de chaleur), orange (alerte canicule) ou rouge (canicule extrême) [4].
Si le code du travail prévoit déjà que le DUERP doit inclure un inventaire des risques liés aux ambiances thermiques[5], le décret du 27 mai dernier précise que si des risques d’atteinte à la santé et à la sécurité des travailleurs sont identifiés après évaluation par l’employeur, il lui appartient de définir des mesures ou actions de prévention et de les intégrer[6] :
Le décret prévoit différentes mesures de prévention, suivant une liste non exhaustive, à savoir :
Par ailleurs, alors que le code du travail se concentrait sur une obligation de chauffer les locaux fermés pendant la saison froide, le décret élargit l’obligation en contraignant les employeurs à maintenir une température adaptée en toute saison[8].
Si ces mesures destinées à réduire les risques liés à l’exposition aux épisodes de chaleur relèvent pour la plupart du bon sens, elles ont le mérite de donner des idées d’actions concrètes aux entreprises.
Le décret veille à ce que l’employeur s’adapte à différentes situations :
Si cela relève également du bon sens, il importera de pouvoir démontrer l’évolution des mesures prises le cas échéant.
Cette adaptation spécifique devant être établie en liaison avec le service de prévention et de santé au travail (SPST), nous vous invitons par conséquent à vous rapprocher de votre SPST.
Nous attirons votre vigilance sur le fait que le décret insère un nouvel article dans le code du travail prévoyant que tout employeur, quel que soit l’effectif de l’entreprise, doit définir les modalités de signalement ainsi que les modalités selon lesquelles il est porté secours à un travailleur en cas d’apparition d’indice physiologique préoccupant, de situation de malaise ou de détresse[11].
Il importe de prendre tout particulièrement en compte la situation des travailleurs isolés ou éloignés (salariés en télétravail à 100%, itinérants, etc.).
Le document prévoyant ces modalités de signalement et de secours doit être porté à la connaissance des travailleurs et communiqué à votre SPST : attention donc à cette nouvelle obligation d’information des salariés, notamment au moment de revoir les affichages obligatoires dans l’entreprise ou les informations figurant sur l’intranet de l’entreprise.
Le décret renforce les pouvoirs de l’inspection du travail en matière de prévention des risques liés à la chaleur.
Il prévoit en effet qu’à défaut pour un employeur d’avoir défini des mesures ou actions de prévention du risque professionnel lié à l’exposition aux épisodes de chaleur intense, l’inspection du travail peut le mettre en demeure de se conformer à ses obligations dans un délai de 8 jours[12].
En l’absence d’action de l’employeur, l’inspection du travail pourra dresser procès-verbal.
Dans le secteur du BTP, le dispositif du chômage-intempéries permet d’interrompre un chantier tout en permettant aux salariés de continuer à être indemnisés et à l’employeur de voir les indemnités prises en charge par les caisses de congés payés.
Ce dispositif s’applique en cas de chômage dû à des intempéries résultant de conditions atmosphériques ou à des inondations rendant l’accomplissement du travail dangereux ou impossible.
L’arrêté du 27 mai 2025 précité vient définir les "périodes de canicule" constituant des conditions atmosphériques ouvrant droit au bénéfice de l’indemnisation des arrêts de travail en raison des intempéries dans les entreprises de ces secteurs. L’arrêté précise ainsi que les niveaux de vigilance orange ou rouge (du référentiel de Météo France) correspondent à une "période de canicule" permettant de définir la notion "d’intempéries".
En conclusion, le décret et l’arrêté du 27 mai 2025 apportent tous deux des précisions bienvenues mais également de nouvelles obligations en cas d’épisodes de fortes chaleurs. Nous sommes à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en place de ces nouvelles obligations, lesquelles entrent en vigueur le 1er juillet 2025.
[1] Communiqué du ministère du Travail du 2 juin 2025
[2] Nouvel article R. 4463-2 du code du travail
[3] Arrêté des ministres chargés du travail, de l’environnement et de l’agriculture TSST2503467A du 27 mai 2025
[4] Nouvel article R. 4463-1 du code du travail
[5] Article R. 4121-1 du code du travail
[6] Nouvel article R. 4463-2 du code du travail
[7] Article R. 4463-4 du code du travail
[8] Article R. 4223-13 du code du travail
[9] Article R. 4463-5 du code du travail
[10] Article D. 4153-36
[11] Article R. 4463-6 du code du travail
[12] Article R. 4721-5 du code du travail